La Société botanique de France a été informée par l’Association des Amis du Jardin des Plantes de Lille de la décision du conseil municipal de fermer définitivement la serre du Jardin des Plantes. Vous trouverez ci-dessous tous les éléments ; nous vous encourageons à signer cette pétition et à être attentif dans votre région au cas où d’autres municipalités , départements ou régions envisageraient de semblables mesures dans le contexte de la crise énergétique pour que nous puissions intervenir.

 

La serre tropicale du Jardin Botanique de Lille. Source : Wikipédia

 

Les missions des Jardins botaniques de France que sont la médiation culturelle et scientifique auprès des scolaires et du grand public, l’enseignement, le soutien à la recherche et la conservation de la flore menacée structurent une activité vieille de plusieurs siècles au service des citoyens, du développement territorial, de la protection de la biodiversité et de l’aide à la décision politique et sociétale face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain auxquels nous devons faire face.

Le Jardin des Plantes de Lille, dont les collections de serre sont un pilier, assume une partie de ces missions rendues à la collectivité. Regarder la serre botanique et les collections qu’elle accueille par le prisme unique de la consommation énergétique desservira à terme la municipalité et ses habitants. D’une part, si des options d’accueil peuvent être envisagées dans d’autres jardins pour certaines plantes, pour l’essentiel des sujets de grande taille les chances de survie sont extrêmement faibles. D’autre part, ces collections ont mis des décennies à être constituées et représentent un réel patrimoine vivant à préserver, comme certaines espèces menacées dans leurs écosystèmes d’origine. Fermer des serres, c’est priver les générations futures, gestionnaires après nous de nos sociétés et de la nature, d’une acculturation à la biodiversité et aux écosystèmes du monde entier, déjà bien mis à mal par les changements globaux. Cette éducation positive par les sens et le bien-être ne vaut que par le contact direct entre l’individu et la plante, que le numérique complète mais ne remplace pas. A l’heure où chacun choisit de limiter ses déplacements, pour réduire sa production carbonée ou en raison de manque de moyens financiers, fermer une serre botanique revient à limiter les apports et enrichissements éducatifs et culturels des enfants. Le maintien du patrimoine historique et naturel est un enjeu collectif qui doit s’appuyer sur des politiques volontaristes des collectivités publiques qui en assument la compétence. La modération énergétique face aux pénuries transitoires à venir nécessite une contribution de chacun, mais ne doit pas engendrer de conséquences définitives sur les infrastructures publiques dont les missions sont fondamentales dans la société d’aujourd’hui et de demain. Fermer une serre botanique et céder les collections végétales est un acte sans retour, inimaginable pour une métropole de la taille de celle de Lille. Il a fallu plus de cinquante ans pour parvenir à ce que la serre (pour laquelle un dossier pour classement comme monument historique a été déposé) développe et organise des collections aujourd’hui installées, connues et reconnues. Appuyer sur un interrupteur pour détruire ce patrimoine culturel et scientifique serait un manque de considération envers ceux qui ont œuvré patiemment pour parvenir à ce résultat, un pied de nez aux habitants de la métropole et de la région en les privant d’une partie de leur histoire commune, un mépris affiché envers les générations futures que l’on déshériterait.

La Société botanique de France apporte sans réserve son soutien aux équipes du Jardin des Plantes de Lille et de l’Association des Amis du Jardin des Plantes. Elle appelle la municipalité de Lille à réviser sa décision et de maintenir la serre botanique du Jardin des Plantes dans ses fonctions. La SBF souhaite ainsi un renforcement des missions du Jardin des Plantes et un investissement dans cet équipement unique et fondamental du territoire pour l’enseignement public primaire, secondaire et supérieur, le développement touristique, l’essor culturel auprès des citoyens et les enjeux de préservation de la biodiversité.