Landes, Bretagne, Hauts-de-France, Jura, Pyrénées, …, les incendies de forêt de l’année 2022 ont marqué les esprits par leur nombre et leur importance. Ailleurs dans le monde, les méga-feux font désormais régulièrement la une de l’actualité. Ces feux plus fréquents et de plus grande ampleur sont, comme les sécheresses à répétition et autres événements climatiques extrêmes, l’une des premières manifestations des changements climatiques.

Le risque d’incendie de végétation en France est donc en train de changer : de plus en plus marqué dans les régions du sud, il s’étend également vers le nord, dans des régions où il était autrefois négligeable.

Ainsi, les forêts méditerranéennes, qui ont été façonnées par le feu depuis plusieurs millénaires, y sont maintenant à ce point exposées que leur résilience, voire même leur persistance, se trouvent menacées à court terme.

Pour les forêts tempérées plus septentrionales, les incendies étaient jusqu’ici des perturbations exceptionnelles. Le feu cause par conséquent des dommages très élevés sur la biodiversité de ces forêts et diminue leur résilience, mettant en péril à moyen terme les multiples services fournis par ces écosystèmes, dont la production commerciale de bois.

Ci-contre : paysage forestier après le passage du feu. Les Borels, commune de Hyères (83). Photo : Guillaume Decocq.

 

Aussi, gouvernements, régions et collectivités et acteurs de terrain cherchent-ils des solutions pour limiter le risque d’incendie de végétation et planifier la replantation des espaces ravagés par le feu. Limiter ce risque est donc au cœur des enjeux d’adaptation de la forêt aux changements climatiques.

Éclairer les débats publics sur les questions d’environnement et de protection de la nature (et particulièrement de la flore) en apportant aux décideurs comme au grand public une information scientifique non partisane est l’une des missions de notre Société.

C’est dans ce cadre que la SBF a contribué à la rédaction d’une note intitulée “Prévention du risque incendie et biodiversité dans les forêts françaises“, répondant à une sollicitation du Comité Français de l’Union Internationale pour la Conservation de Nature (CF-UICN) qui est à l’origine de cette note. La commission forêts du CF-UICN et le groupe de travail sur les forêts de la SBF ont mobilisé leurs connaissances pour rédiger conjointement le document, en téléchargement libre ci-dessous.

 

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Cette note fait le point sur les connaissances scientifiques disponibles concernant les incendies de forêt et sur les mesures pertinentes pour (i) limiter les départs de feux – elle présente notamment des leviers pour gérer l’inflammabilité de la végétation forestière – et pour (ii) limiter l’intensité et la vitesse de propagation des feux.

Elle donne des pistes pour améliorer l’efficacité des stratégies et des méthodes de lutte contre les feux de forêt, mais aussi pour mettre en place des mesures préventives pour limiter le développement initial des feux et leur propagation et augmenter la résilience des peuplements, notamment en adaptant la gestion forestière et l’aménagement des massifs au risque incendie.

Parmi, ces pistes, les solutions fondées sur la nature (préservation d’écosystèmes fonctionnels et en bon état, amélioration de la gestion des écosystèmes pour une utilisation durable par les activités humaines, restauration d’écosystèmes dégradés ou (re)création d’écosystèmes) retiennent particulièrement l’attention des auteurs.

 

Certaines espèces comme les eucalyptus ou des résineux comme le pin de Monterey (Pinus radiata) ou le pin à encens (Pinus taeda) augmentent l’inflammabilité des forêts et, en particulier sous climat méditerranéen, le risque d’incendie incontrôlable. © USDA, domaine public.