INTRODUCTION

 

Dans la suite de son travail de sensibilisation, qui a déjà conduit à la publication d’un livre blanc sur le sujet en octobre 2021, la Société botanique de France a organisé avec le Groupe d’Histoire de la Forêt Française une journée d’études sur l’introduction d’espèces exotiques en forêt vendredi 27 janvier 2023.

L’événement s’est tenu dans le grand amphithéâtre de la Société Nationale d’Horticulture de France, au 84 rue de Grenelle, 75007 Paris.Il a rassemblé environ 110 participants.

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LE COLLOQUE

 

Adapter la forêt française aux changements climatiques est devenue une priorité politique. Il s’agit de conserver la surface boisée, en évitant que les dépérissements observés n’aboutissent au remplacement des forêts par d’autres types de végétation, mais aussi de préserver la production de bois afin que les filières économiques qui en dépendent puissent continuer à se développer. Un des leviers actionnés par les pouvoirs publics pour accroître la résilience forestière consiste à modifier la composition en essences des forêts actuelles, jugées – peut-être un peu hâtivement – « inadaptées » aux climats actuels et futurs. Sont en particulier visées des essences (variétés ou espèces) naturellement plus tolérantes vis-à-vis des stress hydriques et des hautes températures, dont beaucoup sont exotiques (1) . C’est une des principales orientations retenues dans les schémas (e.g. SRGS – Schémas régionaux de Gestion sylvicole) et plans d’aménagement, notamment dans les récents Programmes régionaux de la forêt et du bois (PRFB), déclinaisons régionales du Programme national (PNFB) 2016- 2026 prévu par la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Le récent « Plan de relance » de l’État vise à accélérer la mise en œuvre de cette politique.

Le recours aux essences exotiques n’est pas nouveau en France : les premières introductions remontent à plus de 2000 ans, comme dans le cas du châtaignier ou du noyer. Mais les premiers essais de plantations forestières « en grand » eurent lieu au XVIe siècle, sous le règne de François Ier ; ce furent aussi les premiers échecs et, de surcroît, les premières introductions accidentelles d’insectes exotiques, ravageurs des pins. Depuis, les introductions se sont multipliées avec plus ou moins de succès, voire de franches déconvenues. Aujourd’hui, plus de la moitié des essences forestières de France métropolitaine sont d’origine exotique ; cette proportion est amenée à croître encore avec les politiques encourageant l’introduction de nouvelles essences exotiques, venant pour la plupart d’autres continents. Or, beaucoup de ces essences exotiques n’ont pas ou peu été évaluées préalablement à la décision de leur introduction « en masse » dans les forêts françaises. De manière quasi imprévisible, celle-ci peut pourtant se solder par l’élimination de l’essence introduite (échec d’acclimatation) comme par son acclimatation et sa dissémination, parfois très importante (invasion biologique). Elle peut aussi véhiculer d’autres organismes en provenance de la même aire d’origine – donc exotiques eux-aussi –, qui sont alors accidentellement introduits avec elle, notamment des parasites ; la crise actuelle de la chalarose du frêne (2) est là pour nous le rappeler. Elle peut encore avoir des effets néfastes sur la biodiversité indigène, déjà bien malmenée, lorsque les nouvelles conditions environnementales qu’elle crée – surtout lorsqu’elle est utilisée en plantations monospécifiques – éliminent nombre d’espèces végétales, animales, fongiques ou microbiennes, avec souvent des altérations majeures du fonctionnement des écosystèmes forestiers. Enfin, certaines espèces exotiques peuvent aggraver les dégâts induits par des perturbations comme les tempêtes ou les incendies de forêt ; le cas des plantations d’eucalyptus et d’autres essences très inflammables dans les forêts méditerranéennes est à cet égard particulièrement illustratif.

Un « livre blanc », publié par la Société botanique de France , en novembre 2021, alerte sur les risques associés aux essences exotiques en forêt et appelle notamment à une analyse historique et réflexive sur les expériences passées en matière d’introduction d’essences exotiques en forêt. Dans cette perspective, le Groupe d’Histoire des Forêts Françaises (GHFF) et la Société botanique de France (SBF) se sont associés pour se pencher, à travers une journée d’études commune, sur cette question des essences exotiques en forêt, des bénéfices et des risques associés à leur plantation, de leur histoire d’utilisation, des motivations et des fondements scientifiques, sociaux et économiques.

(1) On qualifie ici d’« exotique » une espèce qui ne vit pas naturellement dans une aire géographique considérée où elle se développe dans un nouvel environnement et y côtoie pour la première fois d’autres espèces avec lesquelles elle n’a jamais co-évolué.

(2) La chalarose du frêne est une maladie qui touche différentes espèces de frêne, provoquée par un champignon parasite exotique, Chalara fraxinea, introduit accidentellement avec des frênes de Mandchourie contaminés (initialement en Pologne dans les années 1990, depuis laquelle le champignon s’est propagée à toute l’Europe).

 

 

PROGRAMME

 

9h        Accueil

9h30                Ouverture de la Journée

  • Mme Elisabeth DODINET, Présidente de la SBF
  • Marc GALOCHET, Président du GHFF

 

9h50-12h         Séance 1 : A propos de quelques exemples concrets

Président de séance : M. Jérôme BURIDANT (GHFF, Université de Picardie Jules Verne)

9h50           Introduction à la session

10h             « Exotiques et autochtones en forêt de protection : le cas des pins noirs en France » par M. Bruno FADY et Mme Caroline SCOTTI-SAINTAGNE (INRAE Avignon)

10h30         « Le Robinia pseudoacacia en forêt : chronique d’une naturalisation contestée » par Mme Zoé GINTER (Université de Tours)

11h             « Histoire et bilan de l’introduction du cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica Manetti) dans les forêts françaises » par M. François COURBET et coll. (INRAE Avignon)

11h30          « Les exotiques dans les archives de la Restauration des terrains de montagne (RTM) » par Mme Marie FEKKAR (Archives nationales)

 

12h-13h30 Pause déjeuner

 

13h30-14h30    Table ronde : Regards croisés sur la question de l’exotisme en forêt

Animateur : M. Guillaume DECOCQ (SBF, Université de Picardie Jules Verne)

 

14h50-17h         Séance 2 : Insertion des essences exotiques en forêt

Président de séance : M. Serge MULLER (SBF, Muséum national d’Histoire Naturelle)

14h50 : Introduction à la session

15h             « La science forestière française et la question des essences dites exotiques : le grand affrontement (1820-1914) » par M. Jean-Yves PUYO (Université de Pau)

15h30          « L’arbre (et la forêt) comme écosystème : les alliés microscopiques des arbres natifs et exotiques » par M. Marc-André SELOSSE (Muséum national d’Histoire Naturelle)

16h             « Migration assistée d’essences exotiques faisant partie du complexe d’espèces avec les essences en place et susceptibles d’assurer une continuité écologique au sein de l’écosystème forestier » par M. Médéric AUBRY (Office national des Forêts)

16h30          « Espèces ligneuses exotiques introduites ou invasives en forêt française – quelques réflexions conceptuelles et enseignements statistiques issus de l’enquête inventaire forestier national » par M. Jean-Daniel BONTEMPS (Institut National de l’Information Géographique et Forestière) et Mme Ingrid Bonhême (IGN, Département Analyse Forêts Haies DAFOR)

 

17h      Conclusions de la journée

Grand témoin : M. Thierry Gauquelin (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale).

 

 

 

LES VIDÉOS DES INTERVENTIONS

 

Introduction aux conférences de la matinée

Jérôme BURIDANT (GHFF, Université de Picardie Jules Verne)

 

Exotiques et autochtones en forêt de protection : le cas des pins noirs en France

Caroline SCOTTI-SAINTAGNE et Bruno FADY (INRAE Avignon)

 

Le Robinia pseudoacacia en forêt : chronique d’une naturalisation contestée

Zoé GINTER (Université de Tours)

 

Histoire et bilan de l’introduction du cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica Manetti) dans les forêts françaises

François COURBET et coll. (INRAE Avignon)

 

Les exotiques dans les archives de la Restauration des terrains de montagne (RTM)

Marie FEKKAR (Archives nationales)

 

Table ronde : Regards croisés sur la question de l’exotisme en forêt

Animée par Guillaume DECOCQ (SBF, Université de Picardie Jules Verne)

 

Introduction aux conférences de l’après-midi

Serge MULLER (SBF, Muséum national d’Histoire Naturelle)

 

La science forestière française et la question des essences dites exotiques : le grand affrontement (1820-1914)

Jean-Yves PUYO (Université de Pau)

 

L’arbre (et la forêt) comme écosystème : les alliés microscopiques des arbres natifs et exotiques

Marc-André SELOSSE (Muséum national d’Histoire Naturelle)

 

Migration assistée d’essences exotiques faisant partie du complexe d’espèces avec les essences en place et susceptibles d’assurer une continuité écologique au sein de l’écosystème forestier

Médéric AUBRY (Office national des Forêts)

 

Espèces ligneuses exotiques introduites ou invasives en forêt française – quelques réflexions conceptuelles et enseignements statistiques issus de l’enquête inventaire forestier national

Jean-Daniel BONTEMPS (Institut National de l’Information Géographique et Forestière) et Ingrid Bonhême (IGN, Département Analyse Forêts Haies DAFOR)

 

Conclusion de la journée

Thierry GAUQUELIN (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale)

 

 

INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES

 

Contacts

guillaume.decocq@u-picardie.fr
jerome.buridant@u-picardie.fr

 

Comité d’organisation

Agnès ARTIGES, Secrétaire générale de la Société botanique de France
Jérôme BURIDANT, Professeur des Universités en Géographie, UMR CNRS 7058 EDYSAN, Université de Picardie Jules Verne
Guillaume DECOCQ, Professeur des Universités en Sciences végétales, UMR CNRS 7058 EDYSAN, Université de Picardie Jules Verne

 

Comité scientifique

Paul ARNOULD, Professeur des Universités émérite en Géographie, École Normale Supérieure de Lyon
Jérôme BURIDANT, Professeur des Universités en Géographie, UMR CNRS 7058 EDYSAN, Université de Picardie Jules Verne
Guillaume DECOCQ, Professeur des Universités en Sciences végétales, UMR CNRS 7058 EDYSAN, Université de Picardie Jules Verne
Marc GALOCHET, Professeur des Universités en Géographie, Université de Valenciennes (UPHF)
Marc-André SELOSSE, Professeur en Écologie, Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris